Création littéraire et COVID-19
Hello à tous,
Je ne sais pas ce qu'il en est pour vous, mais en ce qui me concerne, depuis l'apparition de l'épidémie de Covid-19, je n'arrive plus à écrire. Non pas que j'ai été atteint par la maladie moi-même (encore que, qui sait... je suis Haut-Rhinois, donc...), mais pour plusieurs autres raisons. En effet, je pense que l'activité éditoriale sera très chamboulée par cette crise, et le sera encore davantage dû aux conséquences économiques de la crise qui suivra l'épidémie, mais aussi par l'évolution des goûts que cette crise va engendrer.
Par conséquent, tout roman que nous écrivons à l'heure actuelle doit être pensé pour l'après-crise, c'est-à-dire pour dans 1-2 ans (car il ne faut pas rêver : même après les 6 semaines de confinement qui seront sans doute rallongées, on ne pourra pas retourner à nos vies plus ou moins normales avant le vaccin, soit dans 12 à 18 mois au mieux...).
Or si les projets sur lesquels je travaillais avant cette crise pouvaient présenter un fort potentiel dans le monde d'avant, ces derniers risquent de ne plus être en phase avec ce que voudront lire les gens après cette crise.
Le roman sur lequel je travaillais par exemple parlait de confinement, de réduction drastique de l'humanité et de catastrophes naturelles... vous croyez vraiment que ça fera envie une fois qu'on sera sorti de cette galère ? De plus l'héroïne de ce roman devait s'appeler Amber Coronado. Coronado, vous voyez le problème ?
Quant au second projets qui trottait dans ma tête, il parlait carrément de virus tueur à longue période d'incubation au cours de laquelle on est déjà contaminant... là, je commence à ressentir la fatigue de l'auteur de SF rattrapé trop régulièrement par la réalité !
Même le texte déjà écrit que j'avais prévu pour le prix du lecteur 2020 - qui ne parle de rien de tout ça, mais qui évoque la superficialité de la société et la quête de sens au sein de cette dernière - m'a déjà l'air en décalage avec notre monde actuel... et risque de l'être encore davantage dans le monde à venir, où le goût des choses essentielles pourrait bien revenir en force.
Je ne sais pas ce que vous en pensez, mais en ce qui me concerne, je suis sûr que cette crise du Covid 19 va mener à des changements sociaux importants, au moins aussi massifs que la fin de la 2de guerre mondiale ou, au moins, de Mai 68... et pour l'instant, bien malin qui pourra me dire la tête du monde de demain. Meilleur ou pire ça c'est certain, mais sans doute plus jamais le même... par conséquent, un roman qui observait même bien le monde d'avant sera obsolète une fois cette crise passée... Difficile donc de prévoir ce qui pourrait marcher dans un monde futur encore bien hypothétique, qui dépendra de tant de paramètres que nous ne connaissons pas encore.
Par expérience, je sais que souvent après un événement aussi marquant - et la crise du Covid 19 en est un - les goûts du public ont changé du tout au tout... mais bien malin qui saura prévoir d'avance quel sera ce dernier avant la fin de la crise...
Du coup j'en conclus qu'il faudrait à court terme écrire soit :
- Sur un monde imaginaire (futur lointain, monde hypothétique, uchronie).
- Sur le passé (souvenirs de jeunesse, romans historiques,... qui eux se passent forcément dans un cadre pré-crise du Covid, un univers que nous maîtrisons).
- Tenter d'imaginer l'après... mais attention casse-gueule...
Qu'en pensez-vous ?
PS : Je ne suis pas le seul à avoir été visionnaire : regardez la marque de la machine à écrire qui illustre la page d'accueil de NP...
Je ne sais pas ce qu'il en est pour vous, mais en ce qui me concerne, depuis l'apparition de l'épidémie de Covid-19, je n'arrive plus à écrire. Non pas que j'ai été atteint par la maladie moi-même (encore que, qui sait... je suis Haut-Rhinois, donc...), mais pour plusieurs autres raisons. En effet, je pense que l'activité éditoriale sera très chamboulée par cette crise, et le sera encore davantage dû aux conséquences économiques de la crise qui suivra l'épidémie, mais aussi par l'évolution des goûts que cette crise va engendrer.
Par conséquent, tout roman que nous écrivons à l'heure actuelle doit être pensé pour l'après-crise, c'est-à-dire pour dans 1-2 ans (car il ne faut pas rêver : même après les 6 semaines de confinement qui seront sans doute rallongées, on ne pourra pas retourner à nos vies plus ou moins normales avant le vaccin, soit dans 12 à 18 mois au mieux...).
Or si les projets sur lesquels je travaillais avant cette crise pouvaient présenter un fort potentiel dans le monde d'avant, ces derniers risquent de ne plus être en phase avec ce que voudront lire les gens après cette crise.
Le roman sur lequel je travaillais par exemple parlait de confinement, de réduction drastique de l'humanité et de catastrophes naturelles... vous croyez vraiment que ça fera envie une fois qu'on sera sorti de cette galère ? De plus l'héroïne de ce roman devait s'appeler Amber Coronado. Coronado, vous voyez le problème ?

Quant au second projets qui trottait dans ma tête, il parlait carrément de virus tueur à longue période d'incubation au cours de laquelle on est déjà contaminant... là, je commence à ressentir la fatigue de l'auteur de SF rattrapé trop régulièrement par la réalité !
Même le texte déjà écrit que j'avais prévu pour le prix du lecteur 2020 - qui ne parle de rien de tout ça, mais qui évoque la superficialité de la société et la quête de sens au sein de cette dernière - m'a déjà l'air en décalage avec notre monde actuel... et risque de l'être encore davantage dans le monde à venir, où le goût des choses essentielles pourrait bien revenir en force.
Je ne sais pas ce que vous en pensez, mais en ce qui me concerne, je suis sûr que cette crise du Covid 19 va mener à des changements sociaux importants, au moins aussi massifs que la fin de la 2de guerre mondiale ou, au moins, de Mai 68... et pour l'instant, bien malin qui pourra me dire la tête du monde de demain. Meilleur ou pire ça c'est certain, mais sans doute plus jamais le même... par conséquent, un roman qui observait même bien le monde d'avant sera obsolète une fois cette crise passée... Difficile donc de prévoir ce qui pourrait marcher dans un monde futur encore bien hypothétique, qui dépendra de tant de paramètres que nous ne connaissons pas encore.
Par expérience, je sais que souvent après un événement aussi marquant - et la crise du Covid 19 en est un - les goûts du public ont changé du tout au tout... mais bien malin qui saura prévoir d'avance quel sera ce dernier avant la fin de la crise...
Du coup j'en conclus qu'il faudrait à court terme écrire soit :
- Sur un monde imaginaire (futur lointain, monde hypothétique, uchronie).
- Sur le passé (souvenirs de jeunesse, romans historiques,... qui eux se passent forcément dans un cadre pré-crise du Covid, un univers que nous maîtrisons).
- Tenter d'imaginer l'après... mais attention casse-gueule...
Qu'en pensez-vous ?
PS : Je ne suis pas le seul à avoir été visionnaire : regardez la marque de la machine à écrire qui illustre la page d'accueil de NP...
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Réponses
Je trouve cette réflexion intéressante. C'est sur que ça va bouleverser pas mal de choses. Déjà on peut être certain qu'il va y avoir beaucoup de journaux de quarantaine et autres récits dans ce genre. Donc un peu d'évasion ne ferait pas pas de mal.
Mais malgré tout je pense qu'il en faut pour tous les goûts, certains aiment s'évader, d'autre se faire peur, et d'autres lire des choses qui font écho à ce qu'il se passe.
A part peut être changer le nom de famille de ton héroïne, ça serait dommage de renoncer à ton roman. Je pense qu'il devrait tout de même trouver des lecteurs, voir davantage encore même. Le risque c'est de voir par contre pas mal de récit dans ce style émerger...
Après dans tous les cas, je pense qu'il faut avant tout raconter l'histoire que l'on a envie de raconter.
Mais bon j'ai tendance à ne jamais penser au côté commercial de la chose ahahah
Pour ce qui est de l'écriture, moi c'est pareil que toi... Plus je suis enfermé moins j'écris malheureusement, alors que j'ai justement un temps fou pour ça . Et pourtant je travaille actuellement sur un roman de fantasy.
NP et toi, vous prédisez l'avenir ? (comme les Simpsons, tient...)
Je suis d'accord, ça sera compliqué le retour à la vie normale. Les habitudes que nous avions tous, avant la crise, ne seront plus les mêmes. On est encore tellement loin de voir le bout, que comme tu dis, bravo à celui qui saura prédire, l'avenir...
Comme tu l'as dit @Maurel Isabelle, ce genre de récit, va sûrement pulluler après la crise. D'ailleurs Walking Dead et tous les films/séries du style dystopie, marchent très bien en ce moment, sur Netflix. J'avoue que pour le moment, je n'arrive pas à lire des romans qui s'éloignent de ce que nous vivons. Malheureusement, je pense qu'aussi, qu'à court terme, il faut miser sur ce qui marche. Ça va être compliqué, de faire publier un livre, sur le monde d'avant le Covid-19. Il est possible que les Maisons d'Editions souhaiteront miser sur des histoires comme celles que nous vivons (il y aura toujours des lecteurs qui s'y intéresseront) ou alors sur de la fantasy.
Moi également, je n'arrive pas à écrire, en ce moment. Je n'arrive pas à m'aérer assez la tête, pour m'évader
D'abord, merci à toutes pour vos réponses.
Je me doute bien qu'il y aura plein de journaux de quarantaines (je mets délibérément au pluriel car je suis persuadé que le confinement que nous vivons n'est que le premier d'une longue série), mais ce sera trop banal...
J'ai différentes autres pistes à exploiter, mais elles sont encore floues (un roman fantasy/young-adult style L'histoire sans fin, un roman nostalgico-dramatique passablement autobiographique, un peu dans l'esprit de Jusqu'où va l'amour de Jack-Laurent Amar, qui se déroulerait dans les années 90, entre la fin des épreuves du bac et les résultats de ce dernier, ou alors l'histoire de mon village pendant la 2nde guerre mondiale...)
Ce n'est pas forcément penser commercialement, mais j'ai un ressenti bizarre... pour la première fois de ma vie je ne sais pas très bien ce qui pourrait marcher en littérature (alors qu'en musique, ça me paraît de plus en plus clair).
Bref, je vois que je ne suis pas le seul à ne pas savoir où il en est... à quelque part, au moins ça, c'est rassurant...
C'est effectivement très dur de prédire le futur, si ce n'est que les choses risquent de ne faire que s'empirer. Alors l'écriture reste l'un des meilleurs moyens d'évasion possible.
Mais bon encore faut-il réussir à continuer à écrire.
Si tu n'es plus pour le moment motivé par ton projet, il vaut mieux peut-être en effet explorer d'autres pistes, voir ce qui te parle le plus pour le moment, ou laisser reposer jusqu'à ce qu'un personnage vienne te harceler assez fort pour que tu ai envie de raconter son histoire.
( ça en tendance à marcher comme ça pour moi en général)
Après, si tu écris plutôt des récits contemporains, le contexte remet tout question, en parler ou ne pas en parler, mais la question est la même à savoir quelle histoire tu veux raconter.
Au moins c'est sur que la fantasy ne s'encombre pas de ce genres de question !
J'ai aussi ce sentiment de me réveiller chaque matin dans un film catastrophe aux portes de la SF... du coup mes SFeries me paraissent même banales... d'où ma baisse de motivation, même si je sens que je tiens un concept fort qui, comme souvent chez moi, m'oblige a faire de mes personnages des faibles obligés de se dépasser à l'insu de leur plein gré...
Oui, toutes mes histoires se déroulent plus ou moins dans un cadre contemporain. Outre le fait que c'est ma tendance naturelle, c'est aussi ce qui permet une meilleure accroche du public. Si Harry Potter avait toujours vécu dans son monde magique, ça aurait bien moins marché. C'est le fait qu'il ait été élevé dans le monde réel qui fait se dire au lecteur "et si moi aussi...". Idem pour la série "L'Hayden" chez NP. Ca peut-être un bon truc à retenir, ça.
D'ailleurs ma seule idée de fantasy que j'ai a comme héroïne une jeune femme de notre monde téléportée mystérieusement dans celui que j'invente, et une fin qui ramène tout ça au réel, donc...
Côté édition, de toute manière, un livre ne se fait pas en 2 mois. Et il n'est pas possible de changer du jour au lendemain tous les livres en cours de publication. Simplement parce malgré tout, selon moi, les pratiques de lecture ne vont pas tant changer que ça. Les grands lecteurs savent ce qui leur plait, et en général passent outre les Levy ou Musso ou "livre à la mode". Pourquoi, quand on adore la fantasy, on souhaiterait du jour au lendemain lire totalement autre chose ? Pour ma part je ne pense que que l'impact sera si important, car cela ne concerne pas tous les genres. Bien sûr, on va voir fleurir pleins de livres témoignages, comme après les attentats ou gilets jaunes par exemple. Mais c'est à double tranchant : car le temps de publier le livre, plusieurs mois se sont écoulés, et la hype autour d'un thème est parfois déjà totalement retombée. Ou alors il s'agit d'ouvrages parus + vite, mais très peu travaillés, à chaud, avec beaucoup d'approximations ou autre, simplement parce que le but est de publier le + vite possible. Je ne dit pas que ce sera le cas, car c'est une grosse crise en ce moment, qui aura des répercussions sur les mois voire les années à venir, donc oui beaucoup de livres sociaux vont surgir, de témoignages de personnes touchées par ce virus, de personnel soignant, mais aussi beaucoup de dénonciations des systèmes politiques et des gestion de la santé publique, il va sans dire.
Sinon TNK je t'ai déjà donné mon avis, je suis certaine comme nombre de personnes te l'ont dit ici que le genre apocalyptique/dystopie a encore de beaux jours devant lui.
Quand l'humain a peur, il aime se rassurer en se confrontant à pire!
De plus, les Maisons d'Editions ont déjà leurs catalogues de publication prévus pour 1 an voir 2.
Pour ceux que ça intéresse, la FNAC offre gratuitement des livres en format numérique, pendant la durée du confinement. Il y en a, pour tous les goûts.
Sinon ça existe des potions anti flemme pour rentabiliser son temps aussi et en faire quelque chose ? Cela fait des années que je cherche la formule sans succès !
Pour la potion aucune idée, le seul truc qui marche chez moi : dormir le matin, et avoir la flemme qui ne disparaît que vers 17/18h dans le meilleur des cas. Mais une productivité très forte dans la nuit, surtout après minuit.
Je serai donc... un hibou ?!
C'est le grand mystère de la vie... Je crois que la flemme va nous poursuivre jusqu'à la fin des temps. Je crois même que Rogue n'a pas trouvé un moyen de l'endiguer
Sans stimulation le cerveau s’endort...
Pour moi, avec mes 8 à 12h de travail journalier, écrire c'est plus qu'une bouée de sauvetage. C'est comme répondre enfin à un codage ADN alors que le monde du travail (dans son organisation actuelle) me détruit. En gros, je me soigne xD
Là encore que je suis contente l'inspiration / motivation est revenue mais bon pour ma part c'est assez aléatoire XD
J'arrive un peu tard sur cette discussion, et il y a tellement de choses importantes qui sont soulevé ici.
J'échange avec une autre auteure sur le sujet. Elle écrit depuis toujours et vient de finir le premier jet d'un manuscrit auquel elle croit beaucoup (du fantastique explorant les fond des océans et une grande histoire d'amour, d’après ce que j'en sais). Elle doit encore le faire lire par des bétas et le corriger. Elle m'a dit avoir très peur de la conjoncture actuelle à cause du Covid-19, peur que ce roman qui avait toutes ses chances ne trouve finalement pas d'éditeur à cause de la crise.
A cause de tous ces manuscrits qui affluent massivement, de la part d'auteur.e.s qui ont profité du confinement pour écrire, en parallèle de maison d'éditions qui n'auront même plus les moyens de publier autant qu'auparavant, plus les moyens de prendre des risques financièrement en lançant des inconnus... bref, une période où l'offre est encore plus grande pour une toute petite demande (très peu de livres publiés à la fin).
Personnellement, je trouvais qu'elle en faisait peut-être un peu trop. J'ai d'ailleurs envoyé mon dernier manuscrit en ME en mars en avril de cette année... mais depuis elle m'envoie des articles de presses et je fais mes propres enquêtes : il y a effectivement une avalanche de manuscrits qui arrivent et les maisons d'éditions sont vraiment en difficulté. Même les grandes.
J'ai été très surprise d'ailleurs. J'ai commandé des livres neufs sur internet et mon entourage aussi. Je me suis dit que les gens qui lisent ne vont pas arrêter de lire, au contraire puisqu'ils ont du temps... Or, Gallimard déclare une chute de chiffre d'affaire de 90% pendant le confinement. Et promet de publier 40% de livres en moins d'ici la fin de l'année. Trois maisons d'éditions dans lesquelles j'avais l'intention de déposer mon livre ont purement et simplement fermé leur service des manuscrit jusqu'à nouvel ordre.
Et pour les petites maisons d'éditions, j'ai appris cette semaine la liquidation de l'une d'entre elle (qui devait publier une amie) et ce sera loin d'être la seule.
J'avoue que le bilan semble plus négatif que je ne le pensais (je suis une fille trop optimiste...) et qu'elle a peut-être raison de ne pas envoyer.
Autre sujet... le goût des lecteurs et ces projets de romans qui ne tiendrait plus.
J'avoue que dans certains cas, cela peut-être compliqué : comme quand tu dis que tu as écrit sur une pandémie mondiale.
Peut-être aussi quand on écrit sur le monde consumériste, mais là j'ai des doutes... je ne crois pas que cette crise va changer notre modèle économique.
Je crois que les lecteurs ne vont pas changé de goûts du jour au lendemain. Par exemple, pourquoi se tournerait-on tout d'un coup sur l'imaginaire. Quelqu'un qui n'aime pas la fantasy ne va pas se mettre à lire de la fantasy parce qu'il a été confiné. Je pense que les gens qui aime le contemporain, continuerons d'aimer le contemporain.
Un bon livre avant le confinement, reste un bon livre après. Beaucoup de roman qui ont été écrit avant la deuxième guerre mondiale et avant mai 68 se lisent encore aujourd'hui.
Je crois qu'il faut que le roman soit écrit avec sincérité, sur des thèmes universelles.
Personnellement, je ne vois pas pourquoi mes projets deviendraient obsolètes. J'ai vraiment l'impression que ce qui me parlait hier continue de me parler aujourd'hui ?
En tout cas c'est un très bon et vaste sujet ^^
Mais il est vrai que concernant les manuscrits, beaucoup de maison en effet ont réduit drastiquement les possibilités d'envoi de manuscrits. Simplement parce qu'elles sont en plein travail de restructuration de leur programme, les parutions de début d'automne et de rentrée littéraire commencent à peine à être fixées. Il faut réorganiser, car beaucoup de titres de mars/avril sont déplacés, ou reportés à l'année prochaine. C'est complexe, car ils doivent réfléchir en fonction de la période aussi : quels titres sont plus propices à être publiés en automne, lesquels sont reportés à 2021, tout en voyant avec l'actualité de manière générale. Par exemple, en Histoire, cette année est une année "Charles de Gaulle", et 2021 sera "Napoléon". C'est très délicat de choisir quels titres sortir en priorité, si des livres initialement programmés en juin ou octobre ne doivent pas être déplacés...
Donc contrairement à ce qu'on croit, la reprise est compliquée sur le secteur, idem pour les libraires, et c'est compliqué aussi pour les petits auteurs, qui ont beaucoup moins de chances de se faire publier. L'accent est mis sur les valeurs sûrs, les auteurs qui ont déjà publié et qui font du chiffre, afin de sauver les petites maisons qui n'ont pas vraiment de trésorerie.
Pour l'autre point sur les types de lecture, je pense que le climat influence en partie ce qu'on lit. Dans une période compliquée, beaucoup vont se tourner vers l'imaginaire pour se sortir du quotidien, penser à autre chose, surtout en étant confinés chez soi. Beaucoup d'essais cet été vont sortir sur le post-covid par exemple. Mais on ne sait pas encore si ce genre sera toujours d'actualité en septembre/octobre. Ce qui est lu dépend aussi beaucoup de ce qui est mis en avant, et ce qui est mis en avant dépend de ce qui est lu. La majorité des lecteurs ne sont pas de grands lecteurs, et donc vont plutôt choisir leurs livres dans les GSS ou GSA (grandes surfaces alimentaires). Il risque d'y avoir une grande recrudescence des ouvrages sur l'écologie, le monde de demain, prendre soi de soi, le bien-être etc. L'imaginaire reste toujours en marge, même de manière générale. Et sur le contemporain, beaucoup d'histoires légères et humoristiques vont revenir. Tout va se côtoyer un peu.
Voilà voilà pour te répondre de manière assez courte mais toute de même un peu développer. SI tu veux en discuter un peu plus, n'hésite pas ^^
Je voudrais développer quelques point précis : pendant le confinement la poste demandait de se limiter aux livraisons essentielles pour ne pas saturer leurs services qui tournaient avec peu de personnel, je me suis donc abstenue de commander quoique ce soit, même des livres. Un courrier recommandé que j'ai été obligé d'envoyer le 14 avril a été distribué le 24, j'imagine que les délais de livraison des livres devaient être bien plus longs ce qui ne devait pas inciter les lecteurs à commander. D'autre part j'ai lu nettement moins, me réfugiant le plus souvent dans la relecture de mes romans favoris. Pour moi il n'y a rien de surprenant dans le fait que les ventes aient dégringolé.
Mes goûts n'ont pas changé, je ne serais pas influencée par un effet de mode. Je suis certaine de ne pas acheter par exemple un essai sur le post-covid ou un livre sur le bien-être, mais il est vraisemblable que les éditeurs misent sur ce type de roman plutôt que sur la SF ou la Fantasy par exemple. Comme je ne pourrais acheter un roman que dans la mesure où il sera à vendre ... forcément je ne pourrais pas en acheter autant …
Et il ne faut pas oublier qu'en période de récession économique le livre n'est plus un achat prioritaire. Un lecteur préfère acheter un livre qu'un colifichet, mais s'il n'a plus que très peu de moyen il sera obligé d'acheter de la nourriture plutôt qu'un livre.
Il m'est très facile d'imaginer que l'impact de cette épidémie sur les éditeurs pourrait être énorme, et par ricochet sur les auteurs. Mais j'avoue volontiers que moi je suis une fille plutôt pessimiste